Une telle évolution psychologique a une grande importance pour faire comprendre cet écrivain qui savait si bien se dérober. Car René Boylesve avait, outre la timidité, une sorte de pudeur devant l’idée d’avouer ses pensées profondes. Il avait aussi une autre tendance de caractère, qui est généralement celle des timides. Il faisait d’autant moins de concessions pour être compris qu’il se voyait moins lucidement interprété. Mais il souffrait d’autant plus, et de se voir jugé absurdement, et de ne pouvoir consentir à des aveux qui eussent semblé scandaleux.
Car il souffrait. Il semblait même y avoir quelque disproportion entre sa tristesse désespérée d’écrivain qui ne peut vaincre le mur d’incompréhension de la masse — et de l’élite — et le fait lui-même, qui n’est pas rare chez nous.
Qu’on imagine Balzac travaillant farouchement à son immense comédie hu-