Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/105

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digieuse, est armée de deux cornes recourbées et pointues. Quant à ses yeux, ils brillent de toute la férocité intelligente du tigre unie à l’indomptable brutalité du taureau.

Le troupeau de bisons qu’Antoine et Pedro regardaient venir, non sans crainte, du haut de leurs arbres, semblait en proie à une panique complète, à une frayeur sans nom. Haletants, couverts de sueur et de poussière, ils se jetaient les uns sur les autres, afin d’aller plus vite, et se frappaient, dans leur effroi, de coups de cornes redoublés.

Lorsqu’ils ne furent plus qu’à une distance d’environ mille pas de l’endroit où se trouvaient nos deux braves voyageurs, Antoine s’adressant à voix basse à Pedro, lui dit d’un air joyeux et satisfait :

— Voici la moitié du danger évitée… Les bisons n’entreront point dans le bois.

En effet, deux minutes plus tard le troupeau de bisons roulant, semblable à une avalanche, effleurait dans sa course rapide et désordonnée