Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/106

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les arbres sur lesquels nos deux héros s’étaient réfugiés.

Quelques minutes s’écoulèrent pendant lesquelles Antoine parcourut en tous sens, d’un regard inquiet, la vaste étendue du désert.

— C’est bien ici le cas d’avouer que l’homme ne se trouve jamais satisfait, cher Pedro, dit-il ; enfin nous venons d’échapper à un grand danger, et, au lieu de m’en réjouir et d’en remercier Dieu, je me sens troublé et plein d’inquiétude.

— Il faut qu’un autre danger nous menace, bon Antoine, répondit Pedro, car j’ai appris à vous connaître par vos actions, et je sais que vous n’êtes point homme à vous alarmer sans motif…

— C’est vrai, Pedro ; je vous avouerai que j’ai une arrière-pensée en parlant ainsi. Voici le fait : les bisons, qui sont des animaux très-courageux, ne prennent jamais la fuite que devant les Peaux-Rouges, qui savent les effrayer par leurs cris et leurs sifflements. Mais, aux