Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/107

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Indiens près, ces bisons ne craignent rien, ni le tigre, ni la panthère, ni les loups… Comment peut-il donc se faire que nous venions de voir passer ce troupeau de bisons qui semblait en proie à une grande épouvante, sans que nous ayons aperçu aucun Indien à leur poursuite ?…

— En effet, Antoine, cela est bizarre.

— Plus que bizarre, inquiétant, répondit Antoine.

Une supposition s’offre bien à mon esprit, mais ce serait-là un fait si extraordinaire que je n’ose m’y arrêter.

— Dites toujours.

— Il y a dans ces déserts, reprit Antoine, un animal aussi rare heureusement qu’il est redoutable. C’est l’ours gris[1].

En effet, Antoine, j’en ai souvent entendu parler par les Indiens, chez ma pauvre mère ;

  1. Connu en histoire naturelle sous le nem de l’ours féroce. — Ursus ferox. — Ursus horribilis.