Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/123

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solennel, un spectacle étrange et saisissant, à faire pâlir les plus braves ! Le monstre farouche, comprenant par instinct qu’il avait devant lui un adversaire digne de sa colère, s’arrêta un instant immobile à le considérer. Un moment même le gigantesque animal trembla presque devant le regard impérieux d’Antoine, et sembla, effrayé par l’intelligence énergique qu’il reflétait, disposé à prendre la fuite. Ce triomphe de l’intelligence sur la force brutale n’est, du reste, pas sans exemple. L’on cite de nombreux cas d’animaux féroces qui, domptés par le regard d’un homme, se sont livrés à lui sans résistance, sans combat, et lui ont obéi, depuis ce moment, avec une fidélité aussi complète et aussi craintive que celle d’un chien. Martin et Carter, les fameux dompteurs d’animaux féroces, ont renouvelé ce prodige maintes et maintes fois pendant leur dangereuse carrière. Si Antoine eût eu affaire à un tigre ou à un lion, peut-être bien que sa froide intrépidité l’eût sauvé ; mais il avait, hélas ! devant lui un ours