Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/129

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l’image de la lutte qu’il venait de soutenir se présenta enfin à son esprit.

— Le voici, là, mort, et bien mort, répondit Pedro. Antoine retourna la tête, puis contempla un instant avec attention le formidable ennemi qu’il venait de combattre. Cette vue le rappela tout à fait à la raison, car il se jeta aussitôt au cou de Pedro, et le pressa avec effusion contre son cœur.

— Oh ! je me rappelle tout à présent, s’écria-t-il… C’est à vous, Pedro, que je dois la vie !

— Oui, je vous conseille de me remercier, dit Pedro attendri ; il y a de quoi ! N’est-ce pas à cause de moi et pour me sauver, que vous avez osé affronter ce monstre affreux ? Quant à moi, Antoine, je ne l’oublierai jamais, et je vous en garderai une éternelle reconnaissance… Mais, dites-moi, reprit Pedro, n’êtes-vous point blessé ? Vous êtes tout couvert de sang.

— Ce sang est celui de l’ours, et non le mien,