Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/178

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Cette fois Pedro, que cette scène extraordinaire et douloureuse étonnait et attristait de plus en plus, ressentit un indicible étonnement en remarquant l’embarras inexplicable qu’éprouvait la foule des Indiens, ainsi que le changement qui venait de s’opérer dans son attitude et dans son maintien. En effet, les Peaux-Rouges, qui naguère regardaient Antoine avec des yeux brillants de fureur et de méchanceté, et attendaient sa mort avec une fiévreuse et sanguinaire impatience, semblaient le considérer alors avec plus que du respect et de la bienveillance, avec de la vénération.

Quant à Yaki-le-Terrible, plongé dans une profonde méditation, il gardait une attitude recueillie et immobile, sans paraître daigner s’apercevoir que tous les regards de ses guerriers étaient fixés sur lui et l’interrogeaient avec inquiétude.

Le silence qui régnait parmi cette foule hideuse et féroce, d’ordinaire si bruyante et si désordonnée, présentait un tableau étrange et