Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/258

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l’éveil a dû être donné à la police par l’hôtelier chez qui nous avons laissé notre voiture, et dont les soupçons se seront trouvés pleinement confirmés par notre absence. Il est donc indispensable que je continue mon chemin. Vous devez connaître mieux que personne les sentiers qui traversent la Sierra-Morena, et qui conduisent à la ville ; si j’arrive à cette ville placée près de la frontière, je suis sauvé, ma fortune et peut-être bien ma vie sont entre vos mains. À présent, prononcez : que voulez-vous faire ? me perdre ou me sauver ?

— Ah ! mille fois vous sauver, monsieur le duc, m’écriai-je, seulement permettez-moi une observation. La Sierra-Morena sert en ce moment de refuge à une bande nombreuse de voleurs, dont le chef, nommé Matagente, est un homme aussi rusé et actif qu’il est traître et cruel. Cet homme, qui a des espions dans toutes les villes environnantes, doit connaître nécessairement déjà la récompense de dix mille francs promise à celui qui vous arrêtera ; or, comme