Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/275

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pas moins un violent battement de cœur lorsqu’il entendit la grosse voix de Matagente s’écrier :

— À présent, nous sommes en force, mes amis, pas d’excuse pour celui qui reculera… Quant à moi, je lui brûlerai la cervelle. Allons, en avant !

Les brigands, excités par leur chef et stimulés par la pensée qu’ils étaient les plus forts, se précipitèrent sur la barricade en poussant des cris féroces. Grande fut leur stupéfaction, vous devez le penser, quand au lieu de nombreux ennemis qu’ils s’attendaient à rencontrer, ils ne trouvèrent qu’Antonio ; ils ne pouvaient revenir de leur surprise, et le brave enfant eut toutes les peines du monde à leur faire croire la vérité, c’est-à-dire que depuis plus d’une heure et demie il les tenait à lui seul en respect. Enfin, lorsqu’ils furent bien persuadés qu’ils avaient été joués, leur colère ne connut plus de bornes, la peine qu’ils éprouvaient d’avoir perdu dix mille francs de récompense promis à celui qui s’emparerait du duc de Ségovie, jointe à l’humiliation d’avoir