Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/295

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vait devant son juge. Jamais, certes, tribunal ne fut moins imposant. L’ameublement de la pièce se composait d’un hamac suspendu à deux poutres du plafond, de deux espèces de fauteuils en bambous, d’une table en bois brut d’acajou placée devant le hamac, sur un sol inégal et pierreux qui la faisait boiter, et d’une natte en jonc jetée par terre devant la porte d’entrée.

Dans le hamac se tenait, à moitié couché, le bras appuyé sur son coude et la tête sur la main, un petit vieillard, tout sec et tout ridé, dont les vêtements débraillés ne décelaient aucun caractère officiel ; c’était le juez de Letras ; sur la table se trouvait un brazero garni de poussier enflammé, à l’usage des fumeurs ; près du brazero un paquet de cigarettes à moitié défait ; puis, à côté des cigarettes, un encrier couvert de poussière, avec une plume toute jaune et toute maculée, plantée dans un de ses becs ; il n’y avait pas de papier. Enfin Joachim Pacheco, se balançant mollement dans l’un des