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Page:Dupont - Chants et Chansons, t. 1, 1855.djvu/17

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Nous dont la lampe, le matin,
Au clairon du coq se rallume ;
Nous tous qu’un salaire incertain
Ramène avant l’aube à l’enclume ;
.............


pourra dire : Je n’ai plus rien à craindre, je suis en France !

La Révolution de Février activa cette floraison impatiente, et augmenta les vibrations de la corde populaire ; tous les malheurs et toutes les espérances de la Révolution firent écho dans la poésie de Pierre Dupont. Cependant la muse pastorale ne perdit pas ses droits, et à mesure qu’on avance dans son œuvre, on voit toujours, on entend toujours, comme au sein des chaînes tourmentées de montagnes orageuses, à côté de la route banale et agitée, bruire doucement et reluire la fraîche source primitive qui filtre des hautes neiges :

Entendez-vous au creux du val
Ce long murmure qui serpente !
Est-ce une flûte de cristal !
Non, c’est la voix de l’eau qui chante.

L’œuvre du poëte se divise naturellement en trois parties, les pastorales, les chants politiques et socialistes, et quelques chants symboliques qui sont comme la philosophie de l’œuvre. Cette partie est peut-être la plus personnelle, c’est le développement d’une philosophie un peu ténébreuse, une espèce de mysticité amoureuse. L’optimisme de Dupont, sa confiance illimitée dans la bonté native de l’homme, son amour fanatique de la nature, font la plus grande partie de son talent. Il existe une comédie espagnole où une jeune fille demande en écoutant le tapage ardent des oiseaux dans les arbres : Quelle est cette voix, et que chante-t-elle ? Et les oiseaux répètent en chœur : L’amour, l’amour ! — Feuilles des arbres, vents du ciel, que dites-vous, que commandez-vous ? Et le chœur de répondre : L’amour, l’amour ! Le chœur des ruisseaux dit la même chose. La série est longue, et le refrain est toujours semblable. Cette voix mystérieuse chante d’une manière permanente le remède universel