Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/361

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nements de leur siècle, sans redouter la critique dans une secte où la crédulité est un devoir sacré.

On ne peut pas pousser l’impudence, en fait d’imposture, plus loin que la portèrent les premiers écrivains chrétiens, qui furent fanatisés ou qui fanatisaient. On cite une lettre de saint Denis l’aréopagiste, qui atteste que lui et le sophiste Apollophane étaient à Héliopolis ou dans la ville du Soleil, lorsque arriva la prétendue éclipse de Soleil, qui, en pleine lune, c’est-à-dire, contre toutes les lois de la Nature, arriva à la mort du Soleil ou de Christ : aussi est-ce un miracle. Il affirme qu’ils virent distinctement la Lune qui vint se placer sous le Soleil, qui y resta pendant trois heures, et qui retourna ensuite à l’Orient au point d’opposition, où elle ne doit se trouver que quatorze jours après. Quand on trouve des faussaires assez éhontés pour fabriquer de pareilles pièces et pour espérer de les faire recevoir, c’est une preuve qu’il y a un grand nombre de sots tout prêts à y croire, et qu’on peut tout oser. On voit dans Phlégon une foule de récits merveilleux qui attestent la honteuse crédulité de ces siècles-là. L’histoire de Dion Cassius n’est pas moins féconde en prodiges de toute espèce ; ce qui indique assez la facilité avec laquelle on croyait alors aux miracles. Les prétendus prodiges opérés par Simon le magicien, et la foi qu’on parut ajouter à ce tissu d’impostures, annoncent qu’on était alors disposé à tout croire parmi le peuple, et c’est parmi le peuple qu’est né et que s’est propagé le Christianisme. Si on lit avec attention le martyrologe des