Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gion soit un bien, et que la philosophie, qui n’est autre chose que la raison éclairée, soit un mal. Sans doute. Il est dangereux pour ceux qui trompent et qui vivent des fruits de l’imposture que le peuple soit éclairé ; mais il ne l’est jamais pour le peuple, autrement la vérité et la raison seraient pour l’homme des présents funestes, tandis que le sage les a toujours mis au nombre des plus grands biens. Que de malheurs a causés à l’humanité cette vieille maxime adoptée par les chefs des Sociétés, et qui se perpétue encore aujourd’hui, qu’il faut une religion au peuple, ou, ce qui revient au même, qu’il est à craindre que le peuple ne s’éclaire ; qu’il est des vérités qu’il serait dangereux de lui révéler ; qu’il faut lui ravir sa raison pour l’empêcher qu’il ne nous vole quelques pièces d’un vil métal ! Ceux qui tiennent un pareil langage ont-ils donc oublié que le peuple est composé d’hommes tous égaux aux yeux de la Nature, et qui ne devraient acquérir de supériorité les uns sur les autres que par l’usage de leur raison, par le développement de leurs facultés intellectuelles et par les vertus ? Ce n’est pas l’instruction dans le peuple que l’on doit craindre, il n’y a que les tyrans qui la redoutent, mais bien plutôt son ignorance, car c’est elle qui le livre à tous les vices et au premier oppresseur qui veut l’asservir. La morale a beaucoup plus à gagner à s’entourer de toutes les lumières de la raison, qu’à s’envelopper des ténèbres de la foi. C’est dans le cœur même de l’homme que la Nature a gravé le tableau de ses devoirs. Qu’il descende dans ce sanc-