Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/441

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mouks et les Mogols. Les Thibétans font passer les âmes jusque dans les plantes, dans les arbres et dans les racines ; mais ce n’est que sous la forme d’hommes qu’elles peuvent mériter, et passer par des révolutions plus heureuses jusqu’à la lumière primitive, où elles seront rendues. Les Manichéens avaient aussi des métamorphoses en courges et en melons. C’est ainsi qu’une métaphysique trop subtile et un raffinement de mysticité ont conduit les hommes au délire. Le but de cette doctrine était d’accoutumer l’homme à se détacher de la matière grossière à laquelle il est lié ici-bas, et de lui faire désirer un prompt retour vers le lieu d’où les âmes étaient primitivement descendues. On effrayait l’homme qui se livrait à des passions désordonnées, et on lui faisait craindre de passer un jour par ces métamorphoses humiliantes et douloureuses, comme on nous effraie par la crainte des chaudières de l’enfer. C’est pour cela qu’on enseignait que les âmes des méchants passaient dans des corps vils et misérables ; qu’elles étaient attaquées de maladies cruelles, afin de les châtier et de les corriger ; que celles qui ne se convertissaient pas après un certain nombre de révolutions, étaient livrées aux Furies et aux mauvais Génies pour être tourmentées, après quoi elles étaient renvoyées dans le Monde, comme dans une nouvelle école, et obligées de courir une nouvelle carrière. Ainsi on voit que tout le système de la métempsycose porte sur le besoin que l’on crut avoir de contenir les hommes durant cette vie, par la crainte de ce qui