Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/442

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leur arrivera après la mort, c’est-à-dire sur une grande imposture politique et religieuse. Le temps nous a affranchis de cette erreur. La base sur laquelle elle porte, ou le dogme de l’immortalité, aura le même sort quand on sera assez éclairé pour ne pas croire au besoin de cette fiction pour contenir les hommes. Le dogme du Tartare et celui de l’Élysée prirent naissance du même besoin ; aussi sont-ils liés ensemble dans Timée, comme un des plus sûrs moyens de conduire l’homme vers le bien. Il est vrai que Timée ne conseille ce remède que pour les maux désespérés, et qu’il le compare à l’usage des poisons en médecine. Malheureusement pour notre espèce, on a mieux aimé prodiguer le poison, qu’administrer les remèdes qu’une sage éducation, fondée sur les principes de la raison éternelle, peut nous fournir.

« Quant à celui qui est indocile et rebelle à la voix de la sagesse, dit Timée, que les punitions dont le menacent les lois, tombent sur lui. » Jusqu’ici il n’y a rien à dire. Mais Timée ajoute : « Qu’on l’effraie même par les terreurs religieuses qu’impriment ces discours où l’on peint la vengeance qu’exercent les dieux célestes, et les supplices inévitables, réservés aux coupables dans les enfers, ainsi que les autres fictions qu’a rassemblées Homère, d’après les anciennes opinions sacrées ; car comme on guérit quelquefois le corps par des poisons quand le mal ne cède pas à des remèdes plus sains, on contient également les esprits par des mensonges lorsqu’on ne peut les contenir par la vérité. » Voilà