Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/443

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un philosophe qui nous donne ingénument son secret, qui est celui de tous les anciens législateurs et des prêtres : ceux-ci ne diffèrent de lui que parce qu’ils ont moins de franchise. J’avoue que mon respect profond pour la vérité et pour mes semblables m’empêche d’être de leur avis, qui est cependant celui de tous ceux qui disent qu’il faut un enfer pour le peuple, ou autrement qu’il lui faut une religion et la croyance aux peines à venir et à l’immortalité de l’âme. Cette grande erreur ayant été celle de tous les sages de l’antiquité qui ont voulu gouverner les hommes, celle de tous les chefs des sociétés et des religions, comme elle est encore celle de nos jours, examinons où elle les a conduits, et quels moyens ils ont pris pour la propager.

Une fois que les philosophes et les législateurs eurent imaginé cette grande fiction politique, les poètes et les mystagogues s’en emparèrent, et cherchèrent à l’accréditer dans l’esprit des peuples, en la consacrant, les uns dans leurs chants, les autres dans la célébration de leurs mystères. Ils les revêtirent des charmes de la poésie, et les entourèrent du spectacle et des illusions magiques. Tous s’unirent ensemble pour tromper les hommes, sous le spécieux prétexte de les rendre meilleurs et de les conduire plus aisément.

Le champ le plus libre fut ouvert aux fictions, et le génie des poètes, comme celui des prêtres, ne tarit plus lorsqu’il s’agit de peindre, soit les jouissances de l’homme vertueux après sa mort, soit l’horreur