Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/444

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des affreuses prisons destinées à punir le crime. Chacun en fit son tableau à sa manière, et chacun voulut enchérir sur les descriptions qui avaient déjà été faites avant lui de ces terres inconnues, de ce Monde de nouvelle création, que l’imagination poétique peupla d’ombres, de chimères et de fantômes, dans la vue d’effrayer le peuple ; car on crut que son esprit se familiariserait peu avec les notions abstraites de la morale et de la métaphysique. L’Élysée et le Tartare plaisaient plus et frappaient davantage : on fit donc passer sous les yeux de l’initié successivement les ténèbres et la lumière. La nuit la plus obscure, accompagnée de spectres effrayants, était remplacée par un jour brillant, dont l’éclat environnait la statue de la Divinité. On n’approchait qu’en tremblant de ce sanctuaire, où tout était préparé pour donner le spectacle du Tartare et de l’Élysée. C’est dans ce dernier séjour que l’initié, enfin introduit, apercevait le tableau de charmantes prairies qu’éclairait un Ciel pur : là il entendait des voix harmonieuses et les chants majestueux des chœurs sacrés. C’est alors que, devenu absolument libre et affranchi de tous les maux, il se mêlait à la foule des initiés, et que, la tête couronnée de fleurs, il célébrait les saintes orgies avec eux.

Ainsi les Anciens représentaient ici-bas, dans leurs initiations, ce qui devait, disait-on, un jour arriver aux âmes lorsqu’elles seraient dégagées du corps et tirées de la prison obscure dans laquelle le Destin les avait enchaînées en les unissant à la