Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/453

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rien dans cette fiction qui n’ait été copié par les Chrétiens, dont les docteurs, pour la plupart, furent Platoniciens. Jean donne l’épithète de fidèle et de véritable au grand-juge dans l’Apocalypse. Là, il est impossible de mentir, comme le dit Platon. Virgile nous assure pareillement, que Rhadamanthe contraint les coupables d’avouer les crimes qu’ils ont commis sur la Terre, et dont ils s’étaient flattés de dérober la connaissance aux mortels. C’est ce que disent en d’autres termes les Chrétiens, lorsqu’ils enseignent qu’au jour du jugement toutes les consciences seront dévoilées, et que tout sera mis au grand jour. C’est là effectivement ce qui arrivait à ceux qui comparaissaient devant le tribunal établi dans le champ de la vérité.

On peut distinguer les hommes en trois classes : les uns ont une vertu épurée et une âme affranchie de la tyrannie des passions : c’est le plus petit nombre. Ce sont là les élus, car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. D’autres ont l’âme souillée des plus noirs forfaits ; ce nombre heureusement n’est pas encore le plus grand. Il en est d’autres, et c’est le plus grand nombre, qui ont les mœurs communes : demi-vertueux, demi-vicieux, ils ne sont dignes ni des récompenses brillantes de l’Élysée, ni des supplices affreux du Tartare. Cette triple division que nous présente naturellement l’ordre social, est donnée par Platon dans son Phédon, où il distingue trois espèces de morts, qui comparaissent au tribunal redoutable des enfers. On la retrouve aussi dans Plutarque, qui