Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/454

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traite le même sujet, et qui disserte sur l’état des âmes après la mort, dans sa réponse aux Épicuriens. C’est de là que les Chrétiens, qui, comme nous l’avons déjà observé, n’ont rien inventé, ont emprunté leur paradis, leur enfer et leur purgatoire, qui tient le milieu entre les deux premiers, et qui est pour ceux dont la conduite tient aussi une espèce de milieu entre celle des hommes très-vertueux, et celle des hommes très-criminels. Il n’y a pas encore ici besoin de révélation. En effet, comme on peut distinguer naturellement trois degrés dans la manière de vivre des hommes, et qu’entre les très grands crimes et les plus sublimes vertus il y a des mœurs ordinaires, où le vice et la vertu se mêlent sans avoir rien l’un et l’autre de bien saillant, la justice divine, pour rendre à chacun ce qui lui appartenait, a dû faire la même distinction entre ces différentes manières de traiter ceux qui paraissaient devant son tribunal, et les divers lieux où elle envoyait les morts qu’elle avait jugés. Voilà encore les Chrétiens copistes.

« Lorsque les morts, dit Platon, sont arrivés dans le lieu où le génie familier de chacun l’a conduit, on commence d’abord par juger ceux qui ont vécu conformément aux règles de l’honnêteté, de la piété et de la justice ; ceux qui s’en sont absolument écartés, et ceux qui ont tenu une espèce de milieu entre les uns et les autres. » Les Juifs supposent que Dieu a trois livres, qu’il ouvre pour juger les hommes ; le livre de vie pour les justes, le