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Page:Duquet - Pierre et Amélie, 1866.djvu/15

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PIERRE ET AMÉLIE.

caresses et aux sourires. Sitôt qu’ils purent marcher, main en main ils franchirent le seuil de la cabane, et essayèrent leurs premiers pas sur le gazon, manifestant leur étonnement de fouler, pour la première fois, un sol qui leur était inconnu. De même le jeune habitant des airs quitte pour la première fois le nid maternel : d’abord craintif et joyeux, il voltige de branche en branche, jusque sur la cime onduleuse de l’arbre, d’où il jette un regard inquiet sur l’empire qu’il doit fendre de son aile. Clothilde les trouvait souvent endormis à l’ombre des arbres qui environnaient la cabane, dans les bras l’un de l’autre, visage contre visage et confondant leurs douces haleines.

Ô enfance, qui pourra dire tes douceurs et tes charmes ! quel est l’homme qui, au milieu des tempêtes de la vie, pourra se transporter en imagination vers ses premières années, sans que ses yeux versent à flots l’amertume de son cœur !

Cependant, plus ces jeunes enfants grandissaient, plus les liens de l’amitié les unissaient fortement l’un à l’autre ; Pierre était rempli de complaisances pour Amélie, qu’il appelait sa sœur ; et celle-ci agissait de même à l’égard de son frère. Ils faisaient la joie de leurs parents ; et les habitants des chaumières voisines les citaient à leurs enfants comme des modèles de douceur et d’obéissance. Léopold les instruisait de la religion, sans laquelle l’homme, quel qu’il soit, ne peut goûter le vrai bonheur ; il leur enseignait à lire, et ne voulait pas qu’ils en sussent davantage ; ils en sauront bien assez, disait-il, pour servir Dieu et cultiver notre vallon ; le soir à la clarté