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Page:Duquet - Pierre et Amélie, 1866.djvu/16

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PIERRE ET AMÉLIE.

tremblotante d’une bougie allumée dans la cabane, il leur faisait la lecture de quelques parties de l’évangile, qu’il savait propres à leur inspirer l’amour et la crainte de Dieu. Une aussi douce éducation s’unissant à la pureté de leur jeune cœur, les rendaient les plus heureuses créatures du monde.

Amélie commençait à s’occuper des travaux qu’exigeait l’entretien du ménage ; elle déployait un zèle et une intelligence, qu’on ne trouve que très rarement chez une jeune fille de son âge ; déjà, elle maniait la quenouille avec toutes les grâces de sa jeunesse, les filandres dorées du chanvre se tordaient comme par enchantement entre ses petits doigts d’ivoire. Sa mère n’était jamais veuve de son secours, quand elle lavait les habits du dimanche ; ceux de son frère occupaient surtout son attention, elle avait toujours soin de les lui porter, en lui disant qu’ils étaient très propres, qu’elle avait pris toutes les précautions possibles pour les rendre dignes de lui ; Pierre la remerciait par un baiser, et lui mettait sur la tête une couronne de fleurs, dont l’écarlate contrastant avec la blancheur de son visage, ajoutait encore à sa beauté ; Amélie, fière de sa parure, qu’elle n’aurait pas échangée pour toutes les couronnes des rois, courrait se regarder dans le cristal d’une fontaine voisine, et se présentait ensuite devant sa mère, tenant Pierre par la main ; alors les tendres caresses maternelles ne leur laissaient plus rien à désirer, ils ne pouvaient imaginer d’êtres plus heureux qu’eux.

Pierre se rendait déjà utile à son père qu’il suivait aux travaux des champs ; tantôt, muni d’une légère pioche, il