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Page:Duquet - Pierre et Amélie, 1866.djvu/18

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PIERRE ET AMÉLIE.

liées par leurs cimes pourprées avec le frêle osier ou l’aune humide des marais.

À peine l’ombre de la colline couvrait-elle le vallon qu’Amélie, dont les yeux s’étaient souvent portés vers le couchant et sur les fleurs du val, disait à son frère : « Pierre, tu es fatigué, le soleil vient de passer sous les montagnes, je ne vois plus ses rayons sur la colline, et le tournesol flétri, penche son front vers la terre ; montons à notre demeure il est temps que tu te reposes, » puis, avec ses petites mains brûlantes elle essuyait les sueurs qui roulaient sur son front, et tombaient en perles sur ses joues roses. Pierre souriait, serrait sa sœur dans ses bras et la famille s’acheminait vers l’habitation ; Amélie faisait souvent la moitié de la route sur le dos de son frère, qui malgré ses protestations, voulait qu’elle fût trop fatiguée pour marcher jusqu’à la cabane. Arrivés à leur demeure ils prenaient le dernier repas du jour, faisaient la prière en commun et s’endormaient paisiblement aux plaintes du vent dans les interstices de la couverture, au murmure d’une onde voisine et aux derniers roucoulements du ramier sur la cime du toit. Sitôt que le chant du coq annonçait l’apparition de l’aube, ils abandonnaient leur couche, et recommençaient leurs travaux.


III


Depuis cette cabane jusqu’à ces masures que vous voyez au levant, Léopold avait planté sur un sol, que ses soins avaient rendu productif, une foule d’arbres fruitiers