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Page:Duquet - Pierre et Amélie, 1866.djvu/19

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PIERRE ET AMÉLIE.

et autres qui, déjà parvenus à leurs grosseurs naturelles, formaient tout à la fois, un verger et un bocage enchanté ; depuis l’humble arbrisseau jusqu’au sycomore altier, tous unissaient d’un commun accord, leurs fleurs, leurs verdures, leurs feuillages ; entrelaçaient leurs rameaux épais, leurs branches souples et pressées ; de charmants contrastes, de riantes perspectives, mille fruits velouteux et ambrés récréaient la vue et ravivaient l’odorat. La plus douce haleine des vents du soir et les brises de l’aurore, se prêtant un mutuel appui, entretenaient sous ces voûtes ombreuses, sous ces massifs épais et fleuris, sous ces allées sombres et silencieuses, une fraîcheur que ne pouvaient altérer les étouffantes chaleurs de la saison où les moissons mûries ondulent en flots d’or. Les oiseaux quittaient la solitude des bois voisins pour venir bâtir leurs nids sous ces ombrages, qu’ils faisaient retentir de leurs chants amoureux. Du haut d’un rocher, qui bornait le bocage, à l’orient, une fontaine jaillissait en nappes de cristal pour tomber ensuite dans un large bassin, dont le pourtour, orné d’une épaisse couche de verdure émaillée de narcisses, de violettes, d’amarantes et de coquelicots, était planté de lauriers roses, d’ormes, de chênes verts et de peupliers ; des lianes fleuries s’élançaient au haut de ces arbres, se croisaient en tous sens, fouettaient l’escarpement du rocher et mouillaient leurs feuilles et leurs fleurs dans l’onde jaillissante de la fontaine ; suspendues aux branches de l’ormeau les vignes sauvages miraient dans l’eau du bassin leurs grappes azurées.

C’est dans ces lieux d’où ils voyaient là bas, sur la