Page:Duquet - Pierre et Amélie, 1866.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
PIERRE ET AMÉLIE.

deux jeunes enfants agenouillés devant l’autel sacré du Seigneur, écoutant dans une sainte extase les paroles graves et religieuses du prêtre redisant sous les voûtes du saint temple, devant une assemblée de fidèles chrétiens, comment Dieu, la suprême bonté, voulut expirer au milieu des plus affreuses souffrances, des tourments les plus inouïs, pour les péchés des hommes, pour nous autres hommes que le moindre souffle de sa juste colère pourrait réduire en un, je ne sais quoi, en un rien. Pierre et Amélie ne revenaient jamais de l’Église sans distribuer aux pauvres mille présents qu’ils avaient toujours soin d’apporter avec eux ; il leur arrivait même assez souvent de se dépouiller de leurs habits pour en couvrir quelques misérables que la nudité retenait relégués loin des yeux du monde et de la douce lumière du jour. Ces bienfaits ne restaient pas sans récompense, et, qui pourrait en douter, où a-t-on vu la charité être ensevelie dans le silence de l’oubli ? Pierre et Amélie ne pouvaient passer par le chemin qui conduisait à la capitale, sans être comblés de souhaits heureux par ces pauvres gens qui allaient (et ce qui arrivait souvent) jusqu’à les porter à leur habitation sur des branches d’érables, qu’ils arrangeaient en forme de berceau, orné partout de guirlandes de fleurs et de fruits nouveaux.

Qu’ils sont heureux ceux qui savent faire le bien ! ils attirent sur eux la bénédiction du ciel, et ils ont l’amitié des gens qui ne savent pas feindre, des gens qui ne s’affublent jamais du manteau fétide et empesté de l’hypocrisie.