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Page:Duquet - Pierre et Amélie, 1866.djvu/31

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PIERRE ET AMÉLIE.

sements des cataractes, s’approchaient avec la vitesse des vents, les éclairs devenaient plus fréquents, et leur effrayante clarté blanchissait le sombre chaos des nuages entassés dans l’espace, la voix imposante de la foudre faisait frémir les monts, les vallons, et semait la frayeur dans l’âme des mortels ; les nues avaient crevé leurs flancs d’où s’échappaient des fleuves et des torrents d’eaux qui, inondant les campagnes, emportaient dans leurs courses rapides et vagabondes, des débris d’arbres et de rochers.

C’est au milieu de ces fracas de la foudre, des vents et de l’orage que nos deux jeunes amants, tremblant de frayeur, se tenaient étroitement embrassés sous les sapins de la colline.

— Mon Dieu, j’ai peur, disait Amélie, je tremble ; où fuir, où me cacher !

— Cache-toi dans mon manteau, dans mon cœur, répondait Pierre, et prions Dieu, il ne nous laissera pas mourir ; nous sommes ses enfants, il nous aime, toi, plus que le lis des champs ; moi, plus que l’oiseau de passage. Courage, Amélie ; les vents cessent l’orage diminue, les rayons de la lune illuminent la vallée ; et les nuages passant sous la terre nous laissent voir les étoiles et l’azur du ciel ; lève ton front, et regarde ?

— Avant de me lever la tête de ton manteau, dis-moi, si l’arc-en-ciel étale ses belles couleurs sur les arbres de notre colline, et si elle boit dans l’eau de la fontaine du bocage ? Une fumée blanche s’élève-t-elle de la mousse des rochers ?

— L’alouette des prés n’a pas encore quitté son nid, je n’ai pas ouï les chants du coq ; le soleil n’a pas franchi