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PIERRE ET AMÉLIE.

parut enfin. L’aube avait à peine doré l’orient, qu’assis sous les peupliers de la fontaine, nos deux jeunes amants s’entretenaient de leur bonheur futur, Pierre s’adressant à Amélie.

— Amélie disait-il, d’où vient que ma voix tremble et que mon corps frémit quand j’ouvre les lèvres pour te parler ; mon cœur se gonfle, mon esprit se trouble ; je nage dans des régions inconnues, je ne sais où je suis, je ne vois rien autour de moi ; toi seule je te vois ; tu es toujours là comme un ange à mes côtés ; le vent de ton haleine rafraîchit les sueurs de mon visage ; tes yeux ne peuvent rencontrer les miens sans qu’une larme s’échappant comme une brillante perle de ta paupière humide tombe sur la verdure que nous foulons ; tu laisses tomber ta main dans ma main, et ton front se penche sur mon front ; Ô Amélie, tu m’enivres de tes charmes ! Quel sera donc notre bonheur demain ! !

— Je suis faible et craintive comme la fauvette ; je tremble comme le palmier ; je me réfugie dans tes bras comme le poussin, sous l’aile de sa mère ; je me donne à toi, je ne veux plus te quitter ; j’irai où tu iras, ton ciel sera mon ciel ; je partagerai tes fatigues, tes peines, tes joies ; je reposerai tu reposeras, ta tombe sera ma tombe. Je veux être une épouse digne de toi.

— J’élèverai un autel dans le plus bel appartement de notre cabane, devant lequel, ce soir même, nous irons nous agenouiller ; un missionnaire, un prêtre de Jésus-Christ, sera là devant nous, unissant nos cœurs au nom de Dieu ; tu seras plus aimable que l’ombrage des bois