bénir notre union ; tout est calme autour de nous, et je te vois pleurer.
— Pierre répondit tout bas Amélie, Pierre, en regardant cette madone, je me rappelle d’un songe qui, cette nuit, est venu troubler mon sommeil ; et les larmes tombent de mes paupières, sans que j’aie même pensé à en verser : nous étions agenouillés comme nous le sommes à l’instant même, au pied de cette chapelle ; ma main était dans ta main, la joie rayonnait sur nos fronts, nous respirions à peine, et d’une voix qu’entrecoupaient d’amoureux soupirs nous allions prononcer le serment d’union quand, soudain, une harmonie inconnue se fait entendre dans l’appartement, et une femme semblable à cette madone descend sur l’autel au milieu d’un nuage lumineux ; elle promène quelques temps, sur nous ses yeux, où se peignaient la douceur et la bonté, et prononça ces mots d’une voix plus douce que le zéphyr qui ride à peine la surface de l’eau de notre bassin : « mes enfants dit-elle, la terre n’est pas digne de vos amours, au ciel… ; » Amélie interrompit son discours ; des bruits de pas et de voix humaines retentissent au dehors ; enfin, comme en proie à quelques sombres pressentiments, elle tombe dans les bras de son ami, lève sur lui des regards suppliants, et termine, d’une voix, forte, ces mots qu’une frayeur soudaine avait suspendus : « Au ciel se fera votre union… » Ô confusion !… ô terreur !… ces dernières paroles étaient à peine sorties de sa bouche que la porte s’enfonce avec un horrible fracas, une troupe d’Iroquois se précipitent écumant de rage sur la famille tremblante qui, réfugiée au pied de l’autel de Marie, faisait retentir la chaumière et les