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PIERRE ET AMÉLIE.

échos d’alentour de leurs cris déchirants. En vain Pierre et Léopold s’efforcent de repousser la hache de ces féroces ennemis ; ils succombent sous le nombre et voient planer sur eux les sombres voiles de la mort… Amélie se jette aux genoux d’un de ces meurtriers, elle embrasse ses pieds qu’elle trempe de ses larmes, et lui demande au nom du ciel, d’une voix entrecoupée de sanglots, la vie de ses parents et de son amant ; sa jeunesse, sa beauté, ses larmes émurent les entrailles de cet homme d’airain, ses supplications n’allaient pas être vaines, lorsque Pierre, Léopold et Clothilde, le corps tout hérissé de flèches viennent tomber à ses pieds, tandisque leur âme s’élance vers la patrie des heureux ; Oh ! dit-elle en s’affaissant sur elle-même « frappez-moi, je veux mourir, je veux suivre ma mère, je veux suivre mon père, je veux m’ensevelir avec Pierre ; » elle dit, et une hache part, siffle et s’enfonce dans son flanc. Telle qu’un tendre palmier qui, ayant été frappé de la cognée du bûcheron, voit ses feuilles se flétrir, ses branches se dessécher ; la sève ne circule plus dans son sein, il meurt, et le vent du désert le précipite sur la rive qu’il a si souvent couvert de son ombre ; ainsi tombe Amélie sur le corps de son amant, le visage teint des violettes de la mort ; elle veut parler, sa voix expire sur ses lèvres ; la flamme du bocage, que les Iroquois avaient incendié en fuyant l’habitation, jette une lueur sanglante dans l’intérieur de la cabane et dessine sur les murs déserts l’ombre de ces malheureuses victimes. Amélie entrouvre sa paupière appesantie que cette effroyable perspective referme aussitôt ; sa bouche