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PIERRE ET AMÉLIE.

de ses larmes trempa la terre qui couvrit bientôt ces infortunés enfants de la ferme.

Après avoir chanté le cantique des morts, et s’être prosterné la face contre terre devant la croix qu’il éleva, pour perpétuer le souvenir de cette famille, à laquelle il adressa un éternel adieu, le père Garnier s’achemina vers d’autres habitations pour consoler d’autres malheureux.

Ô touchante sublimité de la religion, à jamais grande, toujours immuable, quelle voix pourra dire ta gloire ! où trouver des accents pour chanter tes louanges ! Tu parles, ta voix modeste, douce, insinuante émeut l’âme du pécheur et des larmes de repentir tombent de ses yeux ; tu parles, et ta voix pacifique se fait entendre depuis le palais des rois jusque sous l’humble toit du laboureur. Compagne assidue de l’humanité souffrante, tu la consoles ; pour l’égayer, tu jettes des fleurs sur son passage, tu lui souris, tu l’encourages et lui enseignes à supporter les maux, les vicissitudes de ce bas-monde, en lui montrant là-haut le terme de ses souffrances. Persévérante, infatigable, il n’est d’obstacles que tu ne surmontes pour ramener au bercail la brebis égarée dans de dangereux sentiers. Près de la couche fiévreuse du mourant, tu le réconcilies avec son Dieu ; tu lui dis, et ta voix est consolante, tu lui dis : mon fils, tu vas bientôt recevoir la récompense de tes peines. Enfin, tu viens répandre des larmes et des lauriers sur l’humble tombeau de la vertu.

Cependant le soleil se lève ; mais, point de joyeux chants dans le bocage que la flamme avait réduit en cendre ; les oiseaux voltigeaient tristement autour des