Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/258

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« La paix soit avec vous, » laquelle paix est représentée par ces baisers eux-mêmes. Troisièmement, pour désigner, comme on le voit dans le Cantique. des cantiques, que le Christ est monté sur la croix par un degré rouge comme la pourpre, c’est-à-dire rougi de son sang, et qu’il a orné le milieu de la croix en y plaçant la charité même. Cette charité est désignée par le baiser précité. On dit encore qu’elle se trouve au milieu, parce qu’elle est commune pour tous les hommes, car il a voulu souffrir pour tous par charité.

VII. Ces baisers se donnent les mains appuyées sur l’autel, pour marquer que la charité, désignée par un baiser, doit s’appuyer sur les œuvres ; car, selon saint Grégoire, elle opère de grandes choses tant qu’elle subsiste ; mais, si elle se refuse à agir, c’est qu’elle n’existe pas. Secondement, pour marquer que dans le sacrifice de l’autel le prêtre doit déposer tout souci des choses temporelles et tenir son esprit uniquement appliqué au sacrifice. Troisièmement, afin de montrer que pour opérer ces œuvres il ne suffit pas seulement d’obtenir la miséricorde divine. Quelques-uns encore, de leurs trois doigts étendus, marquent auparavant d’un signe de croix les endroits qu’ils doivent baiser ensuite, autant parce que tout ce qui doit être fait doit l’être dans la foi à la Trinité, que parce que, régulièrement, tout ce qui doit être appliqué à la bouche doit auparavant être marqué du signe de la croix ; et, quoique la table de l’autel ait été consacrée et que dans l’office même de la messe beaucoup d’autres signes de croix aient précédé, cela n’est pourtant pas superflu, soit parce que ces signes doivent être faits non eu égard au lieu en lui-même, mais bien à l’œuvre qui doit s’accomplir dans ce lieu ; soit parce que, encore bien que la table de l’autel ait été consacrée, on ne sait cependant ce que Dieu peut permettre de faire à l’esprit malin dans ce lieu même. Beaucoup d’autres signes de croix encore faits auparavant l’ont été non par égard pour le lieu, mais en considération de la consécration du corps et du sang du Christ.