Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/313

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sacrée, cependant les uns et les autres ne sont pas sacrés, c’est-à-dire qu’ils ne servent pas à la justification, quoique quelques-uns aient prétendu que les sacrements de l’ancienne loi procuraient la justification.

XXVI. Car la différence entre les sacrements de l’ancienne loi et ceux de l’Évangile consiste en ce que les premiers ne faisaient que signifier, tandis que les derniers signifient et justifient tout à la fois. Mais quelquefois le mot sacrement est pris dans une large acception, quelquefois dans un sens restreint : dans une large acception/ quand on appelle sacrement tout signe de la chose sacrée, que ce signe soit sacré ou qu’il ne le soit pas ; d’où vient que les symboles de l’ancienne loi sont appelés sacrements ; dans un sens restreint, quand le signe sacré seulement est appelé sacrement (De cons., d. ii, Sacrificium, etc. ; Signum, etc. ; Species, i, q. i, Multi).

XXVII. Or, le sacrement se dit actif et passif, selon que la chose sacrée signifie ou qu’elle est signifiée ; car tout sacrement est appelé diversement, quelquefois le signe de la réalité, d’autrefois la réalité du signe, suivant que le sacrement est pris pour le signe de la chose signifiée. Sacrement vient de sacrum (chose sacrée). C’est aussi un signe, comme si on disait un signe sacré. En tant que sacrement est pris pour le signe de la chose, il dérive de sacrum (secret), comme si on disait un secret sacré. Donc l’espèce du pain s’appelle sacrement dans le sens actif, c’est-à-dire dans le sens que la chose sacrée est signifiante ; mais l’unité de l’Église s’appelle sacrement dans le sens passif, c’est-à-dire dans le sens que la chose sacrée est signifiée. Le corps du Seigneur se dit sacrement dans les deux sens, c’est-à-dire qu’il est une chose sacrée signifiant et signifiée tout à la fois.

XXVIII. Or, le sacrement consiste en trois points, c’est-à-dire dans les choses, dans les faits et dans les paroles, suivant la propriété, la similitude et l’interprétation. Suivant la propriété, le lion signifie le diable ; d’où vient qu’il est dit : « Le diable, votre ennemi, court çà et là comme un lion rugis-