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ou MANUEL DES DIVINS OFFICES. 355

core élevé à la voie de la perfection est tenu de purifier la rancidité de son cœur, sans être pourtant obligé de donner la satisfaction qui est due. D’où, dans le canon de Fabien (XXIII, q. iv, Cum in lege ita) il est dit : « Si quelqu’un, contristé par son frère, refuse de se réconcilier avec lui lorsqu’il en aura reçu satisfaction, qu’il soit condamné aux jeûnes les plus rigoureux jusqu’à ce qu’il ait accepté avec reconnaissance la satisfaction qui lui est offerte. » Quoique tous, généralement, nous soyons tenus d’aimer nos ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïssent, et de prier pour nos persécuteurs, et pour nos calomniateurs (xc dist., Si quis).

XI. Comme il y a des fautes pour lesquelles se relâcher de la punition serait une faute (xxviii dist., Quæ sunt), et que si nous sommes tenus de pardonner l’offense commise envers nous, nous n’en devons pas moins punir le péché commis envers Dieu et envers le prochain, quiconque donc est travaillé par la haine ou par l’envie voit son péché plutôt agravé qu’amendé par cette oraison, à moins qu’il n’ait aussitôt le ferme propos de pardonner. Cependant on ne doit pas prier en son nom particulier, mais au nom de toute l’Église. C’est pourquoi le prêtre ne dit pas : « Remets-moi mes dettes comme je les remets moi-même à mes débiteurs, » mais : « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs.

Quelques-uns veulent que ce passage s’entende ainsi : Dimitte nobis, etc., c’est-à-dire : Remets-nous nos dettes de la même manière que nous les remettons à nos débiteurs, comme si on disait : Donne-nous le don de la science, la douleur et la vertu, afin que nous connaissions et que nous pleurions tant nos péchés que ceux des autres, afin que tu nous remettes nos dettes ; et ainsi nous aurons une consolation contre l’envie, qui fait que les hommes se plaignent et sèchent de dépit en voyant les avantages d’autrui ; contre la colère, qui est contraire à la science, parce que la colère empêche l’esprit de dis-