Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/123

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core à cette heure que, le jour de l’Ascension, le Christ se mit à table avec ses disciples. C’est donc avec raison que l’Eglise, à cette heure, célèbre les louanges de Dieu et lui rend grâces, parce que le Christ a voulu souffrir pour elle, ce qui fait qu’elle l’aime avec ardeur. D’où il est dit, dans le Cantique des cantiques : « Annoncez à mon bien-aimé que je languis d’amour. » C’est pourquoi on dit alors : Defecit in salutari tuo anima mea, « Mon ame est tombée en défaillance dans l’attente de ton secours. » On dit aussi le répons Benedicam Dominum in omni tempore, « Je bénirai le Seigneur en tout temps ; toujours sa louange sera dans ma bouche, » supplée : parce qu’il a daigné souffrir pour moi, c’est-à-dire pour le salut de mon ame. C’est aussi à cette heure qu’Adam fut chassé du paradis terrestre. C’est donc avec raison qu’à cette heure nous devons prier Dieu, afin que, par l’humilité et les bonnes œuvres, nous retournions au paradis, d’où Adam a été chassé à cause de son orgueil. Or, l’office de sexte répond à l’état du temps, comme l’office des autres heures : car à l’heure de prime se trouve le prélude ; à l’heure de tierce, le départ ; à l’heure de sexte, la consommation. Car, à prime, le soleil commence à briller ; à tierce, il commence à s’échauffer davantage ; à sexte, il est dans sa plus grande ardeur, comme l’indiquent les paroles des hymnes qui commencent ces heures et même l’heure de none. Au commencement, à prime, répondent les paroles du psaume Deus, in nomine tuo salvum me fac, et in virtute tua libera me, « Sauve-moi, mon Dieu, par la vertu de ton nom, et fais éclater ta puissance en me délivrant, » c’est-à-dire sépare-moi des Cyphéens (Juifs qui voulurent livrer David à Saül). Car, au début de notre conversion, nous commençons à nous séparer du mal, et c’est avec raison que nous faisons alors cette demande, nous qui enfin avons été séparés, c’est-à-dire du paradis et de la récompense. A la même chose se rapportent ces paroles du second psaume : Utinam dirigantur viæ meæ, etc., « Plaise à Dieu que mes voies reçoivent une direction, » et ce que