Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/57

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LXV. Il faut noter, enfin, que l’usage de chanter vient primitivement de l’Ancien-Testament (2), comme on le lit dans Esdras, et comme nous l’avons dit dans la seconde partie, au chapitre du Chantre, et aussi dans la quatrième partie, au chapitre de l’Alleluia. Et l’Ecclésiaste dit (c. xlvii) : « Il leur a donné la puissance contre leurs ennemis, et il a ordonné aux chantres de se tenir en face de l’autel, et il a formé de doux accords avec leurs voix. » Et le Psalmiste : « Chantez-lui un cantique nouveau, chantez-le bien, et faites retentir l’air du son de vos voix. » On chante donc en l’honneur du Seigneur, pour montrer que les hommes doivent rendre à Dieu des actions de grâces et louer son saint nom, tandis que les mains et les autres membres s’appliquent à faire des œuvres qui puissent plaire à Dieu. Cependant plusieurs condamnent l’usage du chant, comme on l’a dit dans la préface de la quatrième partie. On croit que c’est le bienheureux Grégoire qui, pour les heures du jour comme pour celles de la nuit, régla l’ordre du chant et le distribua en plain-chant, c’est-à-dire en chants uniformes, quoique beaucoup, avant et après lui, aient composé des oraisons, des antiennes et des répons.

LXVI. Et remarque, d’après Hugues de Saint-Victor, qu’il y a trois espèces de sons, qui forment les trois modes ; car on forme des sons par la percussion, par le souffle, par la voix. La percussion se rapporte à la harpe, le souffle ou l’air à la trompette et à l’orgue, et la voix au chant. Le peuple ancien employait ces trois modes musicaux pour célébrer les louanges de Dieu. Or, cette harmonie des sons peut être rapportée à l’harmonie des mœurs, si l’on compare au pincement de la harpe les œuvres des mains, au souffle de l’orgue la dévotion de l’ame, au chant de la voix les exhortations des prédicateurs. Saint Bernard dit : « A quoi sert la douceur de la voix, sans la douceur du cœur ; tu domptes ta voix, c’est-à-dire tu l’exerces aux diverses modulations des sons : brise aussi ta volonté ; tu conserves l’harmonie des voix : garde aussi l’accord des