Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/94

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élus, pour marquer par là que les classes des élus dans le Nouveau-Testament ont été ainsi formés par succession des temps et dans un ordre régulier.

XXI. Or, on ne doit jamais omettre ou passer sous silence les psaumes Deus, Deus meus et Laudate, parce que dans le temps passé comme dans le temps futur les saints ont toujours été et seront toujours embrasés d’une soif ardente pour Dieu, source d’eaux vives, et ont loué et loueront toujours Dieu au plus haut des cieux. Or, pour rendre ceci plus évident et plus palpable, il faut remarquer que chacun des six psaumes précités renferme en soi le mot mane (matin), ou l’équivalent.

XXII. Or, le matin se divise en six parties : il y a, en effet, le matin du temps, le matin du cœur, le matin de notre rédemption, le matin de l’homme, le matin de l’éternité, et le matin de la prospérité mondaine. Le matin est le commencement du temps et le fondement de la foi, dont il est dit dans la Genèse : « Et le matin et le soir formèrent un seul jour. » Le matin du cœur est le commencement de la grâce, c’est-à-dire lorsque la grâce commence à briller dans le cœur ; d’où : « Fais parvenir jusqu’à moi la lumière ; » et : « Tu exauceras ma voix le matin. » Le matin de notre rédemption est le temps du matin où notre Seigneur ressuscita et où sa résurrection fut connue ; d’où ces mots : « Tu répandras la joie dans l’Orient et dans l’Occident. » Le matin de l’homme est son enfance et son adolescence, époque à laquelle il est dans sa vigueur et sa fleur ; d’où ces paroles du psaume : « L’homme est le matin, le matin passe comme l’herbe des champs, qui passe bientôt ; le matin, il fleurit et il passe ; le soir, il tombe, il s’endurcit et se sèche. » Or, il arrive souvent que l’homme passe ou meurt au matin de son enfance ; et, s’il lui arrive de passer au matin de l’adolescence, où il se pare de verdure et de fleurs, souvent aussi, arrivé à ce point, il passe encore ; que si, par hasard, il parvient jusqu’au soir de la vieillesse, alors infailliblement il est moissonné par la mort, il se durcit comme un