Page:Durand de Mende - Rational, vol 5, traduction Barthelemy, 1854.djvu/112

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« Je ne recevrai point les vœux de ceux qui ont la graisse de la terre, » c’est-à-dire des pécheurs (XXIV, q. i, Odi). Mais comme il en est peu qui vivent sans crime (De pœnit., dist. ii. Si enim in princ., i dist.) et qu’un tel sentiment, qui prive les défunts de la miséricorde et de tant de suffrages, et refroidit pour eux la charité des vivants, est trop dur et trop sévère, c’est pourquoi il ne paraît point qu’on doive le suivre (i d., Penderet ; extra De renum., Nisi, § I) ; car si nous condamnons les suffrages des hommes qui ont la conscience chargée du péché, les défunts n’auront plus qu’un bien petit nombre de fidèles pour les soulager.

XXII. Il paraît donc qu’on doit dire que, bien que les suffrages de celui qui est en état de péché n’aient pas lieu dans la charité, cependant ils ont lieu dans la foi, et que s’ils ne sont pas utiles à celui qui est mort dans la charité, par le défaut de mérites d’une sainte vie ; cependant, comme ces suffrages ont lieu suivant la doctrine de l’Église et sont produits par celui qui demeure dans la foi et pour celui qui a mérité de recevoir une pareille grâce, le mérite de la foi et la charité de l’Église qui inspire à la personne qui produit ces suffrages la pensée de les produire, celle du défunt qui en tire le fruit et qui est capable de le recevoir ; de plus, la libéralité de Dieu, plein de compassion pour nous, qui, selon le bienheureux Ambroise (De pœn., dist. i, Quantumlibet), ne révoque point les bienfaits, bien plus qui amoncelle les trésors de sa libéralité et qui, par un effet de cette libéralité, considère l’œuvre faite par autrui comme si elle avait été opérée par celui pour qui elle se fait ; tout cela, dis-je, supplée au défaut de charité de l’agent ; car, d’après le droit ou d’après les lois, quand une personne paie la dette d’une autre, le débiteur lui-même est libéré de la dette (ff. De pig. act. solutum, § Solutam) ; et si la liberté a été accordée à un esclave, et que Titius se soit engagé à payer dix écus pour sa délivrance, de quelque manière que Titius s’acquitte de son engagement, l’esclave est libre (ff. De