Page:Durand de Mende - Rational, vol 5, traduction Barthelemy, 1854.djvu/135

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parce que l’auteur de l’office a voulu que nous nous unissions en cette festivité aux ames des femmes dévotes gémissant et se lamentant de la mort des Innocents. C’est à cause de leur tristesse que nous supprimons les cantiques de joie. C’est pourquoi on lit la prophétie de Jérémie relative au Innocents (chap. xxxi) : « Une voix a été entendue dans Rama. « Ces mots s’entendent à la lettre des Benjamites qui furent exterminés à cause de la femme du lévite qu’ils avaient outragée. Et Rachel fut mère de Benjamin. Ou bien par Rachel, qui s’interprète brebis (ovis), ou videns (voyant), on entend l’Église qui pleure ses trois sortes d’enfants. Les premiers sont les martyrs. En considérant qu’ils lui ont été arrachés, elle ne veut point s’en consoler dans les temps présents, « parce qu’ils ne sont plus ; » mais toutes ses consolations, elle les garde pour l’avenir. Les seconds enfants que pleure l’Église, ce sont ceux qui meurent dans le sein de leur mère avant de voir la lumière, ou bien qui viennent avant leur terme ; en quoi l’Église souffre un avortement. Les troisièmes sont ceux qui, après avoir été régénérés dans le baptême, reculent ou marchent en arrière par le péché. L’Église pleure les uns et les autres, parce qu’ils ne sont plus, c’est-à-dire parce qu’ils sont damnés. C’est pourquoi l’Église gémit, et supprime les cantiques de joie. On peut encore en apporter une autre raison. Car les cantiques de joie doivent proprement se chanter après la victoire ; d’où il fut dit à Ezéchiel : « Fais tes dispositions dans ta maison, parce que tu mourras, » pour n’avoir pas chanté les chants de joie après la victoire ; mais les Innocents n’ont pas remporté de victoire ; car, où il n’y a pas de combat, il n’y a pas de victoire. La seconde raison est la meilleure. Certains, cependant, au lieu d’Alleluia, chantent à la messe : Laus tibi, Christe ; d’autres, Cantemus, eia !

XII. Et l’on dit l’épître Vidi super montem Sion agnum stantem (Apoc, c. xiv), et l’évangile Angelus Domini apparuit in somnis, etc. (Math., c. ii). Si cette fête tombe un di-