Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/109

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ça n’est pas si important que les affaires de l’humanité.

— Je te le dis, s’écria Mâcheron, un homme qui danse trop se déconsidère.

— Oui, mais ça sert pour les femmes, dit le petit vieux Lapotte, clignant les yeux et riant.

— On ne doit pas s’occuper des femmes quand on a une mission, reprit Mâcheron avec une espèce de colère.

— C’est les femmes qui courent après lui, répliqua Lapotte d’une voix aigre et nasillarde ; et puis ça dépend comme le cœur vous en dit.

— Quand on danse, ça rabaisse la mission, reprit Mâcheron.

— Ah ! interrompit Cardonchas piqué, on doit bien faire tout ce qu’on fait, voilà tout.

À chaque mot, l’on buvait.

Lévise va être submergée dans cette discussion, se disait Louis. Cependant la conversation des paysans l’intéressait malgré lui par ses côtés grotesques. Ils paraissaient voir surtout dans leur mission une forte quantité de bouteilles à vider. À chaque instant, on allait remplir le broc à la feuillette.

— Vous ne dansiez pas avec les plus vieilles ni les moins lestes, reprit néanmoins Louis en s’adressant à son hôte.

Cardonchas sourit de contentement.

— Qu’est-ce qui est la meilleure danseuse du pays ? demanda Louis attendant le nom de Lévise pour réponse.

— Elles ne savent danser ni les unes ni les autres, dit dédaigneusement Cardonchas.

Louis eut peur que les paysans ne se divertissent à ses dépens, et, qu’ayant pénétré le but de sa visite et de ses