Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/142

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— Et il ne l’achète pas tout de même ! Mon Dieu, vous en a-t-il compté ce Cardonchas ! quel madré ! Il y a longtemps que je le vois venir.

— Mais, Euronique, dit gravement Louis, si ce n’est pas le préfet, ce sera un Anglais qui achètera le musée.

— Oh ! a-t-il pu vous en dire, a-t-il pu vous en dire ! répliqua Euronique, riant de Cardonchas comme d’un ami dont on admire les bonnes farces.

— À Paris, continua Louis, on peut décider le ministre à prendre le musée, ce n’est pas une grande affaire ! Et puis tout n’est pas là. Cardonchas est un homme d’esprit.

— Ah ! le serpent d’arlequin, je le crois bien qu’il a de l’esprit, mais pas assez pour moi. Je sais tenir bon ! dit Euronique toujours remplie de bonne humeur.

— Enfin, c’est un homme important !

— Pardine, c’est juste, les petits enfants lui courent aux jambes quand il passe dans la grand’rue.

— Vous avez beau dire, Euronique, Cardonchas est considéré par les autorités et par les hommes instruits, ajouta-t-il.

— Oui, et la boulangère a des écus ! s’écria la vieille.

— Il est bien conservé, il est dégourdi et se présente bien ; il a bonne mine.

— Un vrai singe !

— Vous ne feriez pas une mauvaise affaire en l’épousant, pour peu que vous en ayez envie.

— Est-ce lui qui vous a prié de venir m’emberlificoter ?

— Pas précisément ! mais vous pensez bien que je n’ai pas inventé tout seul ce que je viens de vous dire. Je vous ai dit tout à l’heure que nous avions parlé de vous !