Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/143

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— Est·il hardi, ce vieux effronté ?

— Savez-vous ce que vous devriez faire, Euronique ? Vous devriez m’accompagner ce soir chez lui. Ça ne vous engage à rien. Mais peut-être aura-t-il à causer avec vous.

— Ah bien ! s’écria soudain Euronique, qu’est-ce qu’on dirait dans le pays de voir une fille aller comme ça chez un garçon !

— À l’âge ou vous en êtes tous les deux, Euronique ! Oh ! dit Louis se détournant pour comprimer le rire qui le tourmentait.

— Eh l’âge ! je n’en suis pas moins fille, et puis je n’ai pas déjà tant d’âge !

— Personne ne doutera de votre vertu, reprit Louis. D’ailleurs, je serai avec vous. Enfin, si je vous disais de m’accompagner pour porter un paquet, il faudrait bien que vous vinssiez !

— Eh ? dit Euronique en regardant sa robe, c’est que je ne suis guère brave. Je ne m’y attendais point.

— Bah !… le soir !… Du reste, cela vaut mieux, votre visite n’aura pas l’air d’être préparée.

— Bon ! va-t-on pas croire à présent que j’y vais pour faire des coquetteries ?

— Mais non, Euronique. D’ailleurs, si cela vous tracasse, nous irons une autre fois.

— Mais ça ne fera-t-il point l’effet que je cours après lui ?

— J’arrangerai cela, soyez tranquille.

— Mais c’est que c’est drôle tout de même d’y aller comme ça et de « l’ébaubir ». Ce serait bien plutôt à lui à venir me chercher, s’il a cette idée en tête.

— Justement, c’est pour le surprendre, Euronique. Et puis, que craignez-vous, puisqu’on ne lui parlera de rien, s’il ne commence pas lui-même ?