Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/161

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— Oui ! reprit-il ne pouvant se lasser de répéter la même chose, je sens que j’ai toujours été malheureux jusqu’à ce que j’aie rencontré ma Lévise, ma chère Lévise. Je n’ai jamais vu personne comme elle… Tu es si bonne, si belle, dit-il d’une voix plus basse, tu m’as paru si franche, si simple, tu as tiré de ton pauvre cœur des choses si merveilleuses… Et tu as été jalouse, oui tu as été jalouse, et c’est ce qui m’a fait tant de plaisir en te faisant beaucoup de peine à toi !… Veux-tu m’aimer comme je t’aime, ajouta-t-il à voix tout à fait basse, ma Lévise ? tu m’as rendu fou, maintenant je t’aime trop !

Lévise un instant après lui disait aussi : je t’aime ! avec cette voix basse qui donne un accent si profond, si passionné aux paroles.

Ils restèrent longtemps sans parler, suspendus dans une région sereine et splendide où il n’y avait plus qu’eux seuls. Et si Lévise ne savait exprimer ce qu’elle sentait, elle comprenait aussi complètement que lui.

Tout pour eux semblait avoir doublé d’éclat et de charme. Le ciel était plus brillant, plus immense, le silence plus solennel. Les étoiles jetaient une lueur triomphale, la rivière coulait en chantant un hymne, la senteur des herbes fraîches et des bois était plus pénétrante. Et dans la poitrine des deux jeunes gens s’était glissé subtilement un fluide doux et puissant comme un cordial magique.

— Oh ! Lévise, ma Lévise, ma chérie ! s’écria Louis.

— Que me veux-tu, mon ami bien doux ? répondit-elle.

— Rien ! dit-il en souriant.

Ce tutoiement était le trophée qu’il avait eu tant de peine à conquérir et il surpassait toute caresse.

Maintenant Lévise était la maîtresse de Louis, vérita-