Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/174

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Dans l’après·midi du troisième jour où l’on ne vit pas Cardonchas, Louis se tenait près de la porte, l’oreille tendue : Euronique poussa un gros soupir !

— Qu’est-ce qu’il a donc ce singe-là ? dit-elle, croit-il que je vais rester le bec ouvert comme cela pendant longtemps ?

— Il ne faut pas vous impatienter, répondit Lévise, il aura en quelque affaire, il vous prépare peut-être une surprise…

— Qu’est-ce qu’il avait besoin de mettre son vieux groin dans mon bien, ce faux-là, reprit Euronique qui dans la joie et le chagrin employait le même vocabulaire injurieux.

— Il ne s’est passé que deux jours !… dit Lévise pour la consoler.

— Eh ! ce sont ceux qui comptent, justement. Je ne veux pas donner la comédie, moi ! J’aurai bientôt fait d’aller lui bousculer son musée et lui jeter son papier au nez.

— Oh ! répliqua Lévise, « monsieur » ira ce soir chez lui !

— Je ne suis pas embarrassée, continua Euronique, je trouverai plus d’hommes qu’il ne trouvera de femmes. Et puis, je ne veux plus entendre parler de noce, d’ailleurs, j’en ai la tête bourrelée. J’ai une bonne place ici, j’y resterai.

Derrière la porte Louis frémit à cette menace. Heureusement, Euronique dans sa colère variait promptement.

Elle ajouta :

— S’il ne vient pas demain, aussi vrai que me voilà, je prends la marmite et j’irai lui en coiffer sa tête de vieux menteur.

Euronique se lamenta ainsi longtemps encore ; Lévise