Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

logue se hasardait à venir à la Bossemartin pour échapper aux poursuites de sa femme.

Bagot, qui saluait tous les arrivants, par des gouailleries, s’écria à la vue des nouveaux venus : Eh ! Cardonchas, est-ce vrai qu’on t’a fait marier avec Euronique parce qu’on aimait mieux la Hillegrin pour bassiner le lit, là-bas, chez le petit monsieur ?

Cardonchas et Mâcheron filèrent tête basse et sans souffler mot, mais Guillaume s’était levé avec une telle violence que sa chaise et la table où il était avec Volusien roulèrent à terre en même temps que les verres et le broc d’étain. Cette culbute fut si vive, que Guillaume était déjà devant Bagot avant que Volusien eût songé à se lever. Bagot, en voyant la face contractée et l’œil furieux du braconnier, recula et fut debout en un instant. Bagot avait l’air résolu à quelque coup de tête, il ricana de nouveau.

— Qu’est-ce que tu as dit ? cria Guillaume dont la voix retentit comme un mugissement dans la salle.

— Bagot, voyons, la paix ! s’écria un paysan d’un ton de supplication.

Une autre voix, aiguë, stridente, celle du cabaretier, horrible petit vieux à tête astucieuse, lança immédiatement ces mots : — Pas de bataille ! on arrête maintenant ici. Allez au bois !

Mais déjà, pendant que ces cris se croisaient, Guillaume, portant sa figure enflammée de rage sous celle de Bagot, avait repris : — Qu’est-ce que tu as dit ? répète-le donc !

— J’ai dit qu’on avait fait une jolie chanson pendant ton absence. Tiens, écoute ! — Il se mit à chanter : La Hillegrin, fait cuire son pain, à z’un nouveau pétrin, à z’un pétrin de la ville !

La main de Guillaume se leva et s’abattit formidable