Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/225

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Il rentra, embrassa Lévise avec plus de tendresse que jamais ; mais il avait en même temps du remords et une grande pitié envers la jeune fille. Il étouffait tout cela sous ses caresses un peu emportées. Lévise n’osa lui demander ce qu’il avait pu dire à Euronique, voyant qu’il n’en parlait pas, mais elle imagina aux élans un peu fébriles de tendresse du jeune homme qu’il avait parachevé le succès qu’elle croyait avoir remporté.

Mais à la fin Louis, ayant toujours sur le cœur son inutile et malheureuse tentative auprès d’Euronique, attira Lévise près de lui et lui dit doucement : Ma chère enfant, je ne te blâme pas de ce que tu as fait, mais il faut que tu abdiques à présent. Toute seule tu ne sais pas très-bien te conduire. Ta tête t’inspire des actions risquées dont tu ne calcules pas les suites. Rappelle-toi ton départ quand je t’ai revue le lendemain du jour de danse ! Comme avec moi tu n’as rien à craindre !…

Ici le jeune homme s’arrêta involontairement. Il se demanda s’il pouvait sincèrement faire une pareille déclaration, si l’événement de la matinée ne lui donnait pas un démenti. Un léger frisson parcourut ses membres comme si une preuve contraire se fût levée contre lui !

Lévise attendait la suite de ses paroles. Il examina rapidement sa conscience et sa force, et, se reconnaissant bien décidé à se consacrer tout entier à la défense de la jeune fille, s’il le fallait, il répéta avec plus d’assurance : Comme avec moi tu n’as rien à craindre, il faut que tu te confies entièrement à moi, que tu cesses de vouloir faire quoi que ce soit par toi-même sans m’avoir consulté et averti auparavant.

— Oh ! dit aussitôt Lévise en se jetant à son cou, je vois plus que jamais que tu es bon ! On ne m’a jamais appris à me contenir. J’avais peur que tu me grondes.