Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/234

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mobile, la tête penchée à terre, les dents enfoncées dans la lèvre ; il pensait que Guillaume avait raison et que Lévise était une misérable. La colère de Guillaume et de sa sœur, ces flots de paroles furieuses tombant précipitées comme des marteaux sur l’enclume, avaient soulevé peu à peu ses propres sentiments et l’avaient indigné. Il leur en voulait à tous deux parce que tout ce qui avait été dit retombait sur sa tête, reproches de Lévise, outrages de Guillaume à celle-ci, mais il se sentait porté davantage cependant du côté de Guillaume, dont la cause lui était commune, car après tout il aimait mieux rejeter toute responsabilité sur sa sœur, que l’assumer sur lui.

Mais Lévise était acharnée, elle ne voulait plus lâcher prise, il lui semblait qu’elle parlait au nom de Louis, qu’elle combattait pour lui, et elle se serait fait tuer plutôt que de ne pas lui gagner le terrain.

— C’est une femme ! avait dit Volusien à Guillaume.

— Oui, répondit celui-ci, c’est l’homme qu’il nous faut !

— De qui parlez-vous ? s’écria la jeune fille superbe d’ardeur et de folie.

— De ton acheteur ! reprit Guillaume que cette résistance portait au délire, et en même temps il lui cracha à la figure !

Malgré ses efforts, et malgré la chaleur de la lutte qui empêche de sentir le mal, Lévise avait cruellement souffert des insultes de Guillaume. Ce dernier et vil outrage, où le mépris remplaçait l’exaspération, fit déborder la coupe. Il était plus cruel que si le braconnier l’avait battue. Sa force en fut renversée immédiatement. La jeune fille sentit tout à coup combien elle était faible, elle se vit exposée de toutes parts à de pareilles et hor-