Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/235

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ribles choses, elle eut peur de tout ce qu’elle avait dit et fait devant les deux braconniers. Son bonheur même d’être auprès de Louis était la cause de sa faiblesse. On l’insultait parce qu’elle aimait Louis ! Elle aurait cru faire reculer le village entier en proclamant le nom de Louis, et c’était là la protection dont ce nom la couvrait. Elle voyait bien qu’elle ne pouvait se défendre ni défendre son « drapeau ! » et qu’elle avait tout perdu. Elle fondit en larmes, se cacha la tête dans ses mains et s’enfuit désespérée vers la maison. Elle avait besoin d’un refuge, elle avait besoin de secours. Que lui avait servi d’être héroïque comme elle avait voulu l’être. Elle referma la porte derrière elle en maudissant la vaillance dévouée qui la lui avait fait ouvrir et elle courut jusque dans la chambre de Louis, éperdue, anéantie, pour pleurer dans les bras du jeune homme, lui demander consolation et vengeance, se cacher et se réchauffer sous son aile comme un pauvre oiseau blessé.

Mais Louis dormait paisiblement quand elle entra. Elle fut encore plus héroïque qu’elle ne l’avait été. Elle se dit qu’elle ne le réveillerait pas. Elle s’assit sur une chaise, le cœur tout déchiré d’être si courageuse, et, tandis que de grosses larmes coulaient de ses yeux, elle contempla avec une tristesse qu’adoucissait l’idée d’accomplir une nouvelle action pleine de dévoûment, le tranquille sommeil de son ami dont elle enviait la quiétude, de son défenseur qui ne veillait pas sur elle quand il l’aurait fallu.

Et pourtant quand la pensée de ce qu’elle venait de subir devenait trop dure par moments : — S’il pouvait se réveiller ! disait-elle tout bas, s’il savait ce qu’ils m’ont fait !

Alors elle avait peur de ne pas résister à l’envie d’al-