Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/284

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Guillaume et Volusien venaient d’entrer à leur tour.

Le curé ne savait point ce qui se passait. Sa voix débitant un sermon sur la bonne conduite se fit entendre.

Guillaume et Volusien étaient intimidés par le lieu sacré. Ils s’appuyèrent à un pilier, cherchant à découvrir Louis et Lévise. Ils les aperçurent. Le sermon du curé continuait à retentir dans l’église. Guillaume ne songea pas à manquer au respect consacré. D’ailleurs il n’était venu que pour suivre la trace du gibier.

— J’aime à les tenir sous ma main, dit-il bas à Volusien, et à les voir courir devant moi. C’est comme la chasse. Il s’interrompit. — Il nous voit ! dit-il.

Louis qui ne cessait de parcourir des yeux l’assemblée aperçut en effet d’abord Volusien, puis le beau Guillaume. Voyant un grand garçon auprès de Volusien, il le « reconnut » lui aussi. Leurs yeux restèrent un moment fixés l’un sur l’autre. Ils s’envoyèrent toute leur colère réciproque dans ces regards, comme s’ils eussent pu se frapper. Louis se sentait une certitude de supériorité, un besoin d’agression qui lui donnaient la confiance d’être le plus fort même physiquement, et qui le poussèrent à marcher vers les braconniers pour aller se mettre coude à coude avec eux. Il était sûr qu’eux non plus ne bougeraient pas et seraient dominés.

Le silence de ces actes muets, l’impression de l’endroit, le visage hautain de Louis, son mouvement mesuré, cette assurance tranquille, froide, le prestige de l’habit, le mystère qu’il y avait pour le braconnier dans cette hardiesse jointe à une si frêle apparence, firent un certain effet sur Guillaume. Il n’eut pas peur, mais il lui sembla que ce petit homme était pourvu d’une force cachée contre laquelle on ne pouvait rien.

Le curé avait été surpris du va-et-vient des têtes, et