Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/285

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en cherchant le motif partout, il avait distingué Louis et Lévise. Il s’irrita.

Louis fut tout à coup arrêté dans sa marche. La voix du curé, claire, vive, chantante, disait : — Et surtout, mes filles, ne croyez pas que le scandale qu’on vous donne aujourd’hui reste impuni. Détournez les yeux avec horreur de cet exemple funeste. La honte et le péché se sont introduits près de vous, l’audace au front ! Eh bien…

Sa voix se perdit dans une espèce de tumulte qui éclata. Lévise crut que l’église s’écroulait sur elle.

— À la porte ! à la porte ! crièrent plusieurs paysans en désignant Louis.

Le maire, furieux contre le jeune homme, se leva néanmoins au banc d’honneur pour imposer silence. Le curé reprit :

— Mes frères, ne troublez pas le recueillement du saint lieu et écoutez ce que j’ai encore à vous dire !

L’animation générale augmenta. Guillaume surexcité, par ce qu’il considérait comme un encouragement inattendu de la part du curé, s’écria, dominant tout le bruit :

— C’est mon affaire ! je m’en charge !

Il écarta ceux qui l’entouraient et s’avança.

Partout ce furent des clameurs, des interpellations :

— Oui, oui ! mais c’est ici l’église, non, non ! c’est le curé qui l’a dit. Il faut que Guillaume en finisse ! Eh bien ! il s’en charge ! À la porte le débaucheur ! la déhontée !

Au milieu de son émotion, Louis était content, au moins c’était un orage devant lequel il y avait quelque gloire à ne pas plier. Calme avec fureur, il était revenu à côté de Lévise qui était près de défaillir. Guillaume arri-