Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/287

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de loin en faisant signe au capitaine et à l’aubergiste.

Tous trois allèrent alors aux petits rassemblements, le maire sommant les gens, les deux autres leur conseillant de partir. Le curé sortant de la sacristie se joignit à eux et exhorta ses paroissiens à la tranquillité. L’église se vida peu à peu, les paysans se massèrent le long des marches du porche, où Volusien et Guillaume s’étaient placés pour attendre Louis et Lévise à la sortie.

Guillaume s’en était pris à Volusien qui avait eu peur du maire, et il l’avait ramené.

— C’est le moment, lui dit-il, c’est le moment. Si j’avais su, j’aurais pris mon fusil ! Mais nous pourrons peut-être nous en passer. Tu vois ce que le curé a dit ! Nous allons leur tomber dessus !

Louis et Lévise restaient à peu près seuls dans l’église. La pauvre fille ne voyait, n’entendait plus rien ; ses jambes fléchissaient, elle était sans forces, à genoux sur sa chaise, dans une prostration et un écrasement complets. Elle ne pouvait plus se relever. La terreur, le désespoir, le désir d’être morte battaient dans sa poitrine à coups désordonnés et meurtrissants. Elle ne savait où elle était. Ses yeux voyaient du noir partout, l’idée vague et pleine d’égarement qu’elle venait peut-être d’être précipitée dans l’enfer par la parole du prêtre faisait aussi qu’elle se repliait sur elle-même et n’osait remuer de peur de toucher la réalité de cette espèce de vision.

Cependant le maire, le curé, le capitaine et l’aubergiste étaient parvenus à pousser devant eux les derniers retardataires. Voyant tout le monde rassemblé au dehors :

— Que faites-vous là ? demanda le maire, qu’attendez-vous ? rentrez donc chez vous.

Il descendit les marches, et du geste et de la voix il contraignit une grande partie des gens à s’éloigner, puis