Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/301

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plaint. La jeune fille mettait dans sa joie quelque chose d’agité, de craintif, et toutes ses émotions se réunissaient dans ces cris fébriles, par lesquels elle essayait de refouler sa souffrance.

— Ah ! se dit Louis, la pauvre fille, il est temps en effet que je pense à elle.

— Oui, répondit-il avec une vivacité que lui communiquait l’agitation, la fièvre de la jeune fille. Eh bien ! capitaine, y a-t-il une voiture ? peut-on se la procurer aujourd’hui même ?

— L’aubergiste vous prêtera la sienne, répliqua le capitaine.

Il fut convenu alors qu’on se servirait de la voiture pour aller à l’un des chefs-lieux d’arrondissement du département où relayait la diligence de Paris. Lévise pressait l’arrangement, il n’y avait pas de difficultés, il ne fallait pas de retard. S’il n’y avait pas eu huit lieues à faire de Mangues au relai de la diligence, elle eût proposé d’aller à pied, laissant tout derrière eux !

Quand le projet fut bien arrêté : Allons, prépare les coffres, les malles ! dit Louis à Lévise.

Oh ! s’écria-t-elle, nous serons donc enfin heureux ! Elle parlait de bonheur avec opiniâtreté pour masquer ses tourments. Et elle avait envie de pleurer malgré l’espérance qui était revenue.

Ces deux terribles jours avait détruit pour elle le bonheur antérieur, il lui semblait que les angoisses duraient depuis plusieurs mois, et ne pouvaient disparaître. Elle fût partie sur-le-champ, elle se fût trouvée transportée à vingt lieues de Mangues, qu’elle n’eût pas encore été rassurée.

— Tu as vraiment trop peur ! reprit Louis, et, reconduisant le capitaine, il lui dit : N’annoncez surtout à personne que nous partons ! on croirait…